Pourquoi nous soutenons l’agroforesterie?

l'agroforesterie

L’agroforesterie

A quoi cela ressemble-t-il?

L’agroforêt est une authentique forêt cultivée, souvent très diversifiée, qu’elle soit plantée ou résultant de la domestication d’une forêt naturelle.
Les coopératives avec lesquelles nous travaillons, pratiquent des agroforesteries différentes. Cela va des cultures sous couvert arboré jusqu’au jusqu’aux jardins agroforestiers.
Dans le jardin, les producteurs associent diverses cultures à des espèces pérennes et annuelles qui ressemblent à des forêts. C’est typiquement le cas du jardin créole Haïtien (cacao associé à des arbres fuitiers et des cultures alimentaires). Le jardin agroforestier est une sorte de jardin potager dans laquelle les arbres ont une importance majeure.
Dans les cultures sous couvert arboré, ce sont de grands arbres qui dominent une culture sous-jacente. Par exemple, le café ou le cacao sont cultivés sous des arbres d’ombrage.

L’agroforesterie n’est pas une déclinaison d’un projet de boisement mais bien une manière de produire autrement, sur une parcelle agricole arborée, où l’arbre trouve une fonction agro-économique au sein du système de culture.

Producteur Thé Sri Lanka

Les bienfaits de l’agroécologie

DES SOLS PROTÉGÉS

La couverture du sol permanente évite les phénomènes d’érosion qui sont rapidement fatals en milieu tropical. Le niveau élevé de précipitation associé à une parcelle cultivée au sol nu entrainent une érosion, voire une perte de sol fertile. C’est notamment le cas en Haïti où la déforestation massive conduit à un ruissellement des terres fertiles dans la mer : 60% des terres cultivées sont situées en montagne sur des pentes très fortes (de 20 à 80%) et le régime des pluies souvent violentes favorise ce ruissellement.
L’arbre permet au sol de ne pas se dégrader et garder sa fertilité en le protégeant du rayonnement solaire direct et du vent. Il améliore le sol puisqu’il maintient son humidité tout en faisant baisser la température par l’ombrage.

Un système agroforestier traditionnel optimise la fertilité, la lumière et la biodiversité des parcelles

producteur cacao Togo

DES SOLS PLUS FERTILES

L’arbre fournit aussi une matière organique riche, abondante, adaptée ainsi que éléments nutritifs nécessaires au développement des cultures plantées. La qualité des sols est ainsi améliorée grâce à la couche formée par la chute des feuilles. Les racines des arbres vont en effet puiser en profondeur dans le sous-sol, les éléments minéraux et l’eau que les cultures moins profondes ne peuvent pas atteindre. Ces éléments sont remis à la disposition des cultures en sous étage par le canal des feuilles qui tombent et se décomposent. L’agroforêt engendre une diminution de la pression sur des forêts naturelles. Les agroforêts préservent donc les forêts primaires et stockent le carbone dans les plantes et le sol.

Producteur café Colombie

LA BIODIVERSITÉ FAVORISÉE

L’agroforesterie contribue beaucoup au maintien de l’équilibre de l’écosystème, voire elle stimule un système écologique complet avec une forte biodiversité. Elle présente une garantie contre les perturbations des équilibres causées par le changement climatique ou l’invasion de ravageurs.

La biodiversité des agroécosystèmes assure donc une « bonne santé » des cultures. La protection des plantes les unes par les autres contre leurs parasites permet de réduire l’utilisation d’engrais et de pesticides. La lutte intégrée (lutte contre les ravageurs en privilégiant les méthodes biologiques) y est donc plus aisée.

producteur cacao cote ivoire

UNE GARANTIE ÉCONOMIQUE POUR LES PRODUCTEURS

Comme l’agroforesterie met sur une même parcelle de nombreuses cultures, ce type d’agriculture est beaucoup plus sûr en termes de revenu ou de souveraineté alimentaire que des systèmes basés sur la monoculture. De plus la vulnérabilité des cultures est réduite.

agroécologie intensive

ET QUEL EST LE LIEN ENTRE AGROFORESTERIE ET AGRO-ECOLOGIE?

L’agroforesterie fait partie de l’agro-écologie.
En effet, l’agroécologie associe le développement de l’agriculture à la ”protection-régénération” de l’environnement naturel. Les techniques agroécologiques incluent le contrôle biologique (lutte contre les maladies et les indésirables par des prédateurs naturels), l’agroforesterie (arbres et cultures sur les mêmes parcelles de terre), le stockage naturel de l’eau, les cultures intercalaires, l’utilisation de fumier biologique ou encore le mélange culture-bétail.

Toutes ces techniques ont pour caractéristique commune le faible – voire zéro- recours aux intrants extérieurs (engrais chimiques et pesticides).

Le Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter dans un rapport présenté en 2011 au Haut-commissariat aux droits de l’Homme, affirme : ces méthodes sont ”plus efficaces que le recours aux engrais chimiques pour stimuler la production alimentaire dans les régions difficiles où se concentre la faim” tout en “facilitant l’adaptation au changement climatique”.

Il est prouvé que ce type de technique à faible utilisation d’intrants externes, qui  préserve les ressources, peut accroître considérablement les rendements tout en fournissant de l’emploi rural et en réduisant le coût des traitements.

Olivier DE SCHUTTER