L’agro-écologie intensive
UN PEU DE THÉORIE
L’agro-écologie est une réponse aux défis posés par l’adaptation des systèmes de production aux changements globaux et pour assurer la transition écologique. Des producteurs et des organisations de producteurs, la société civile, des organismes de recherche et de développement mobilisent de nouvelles approches de régulations naturelles basées sur les principes de l’agroécologie.
L’agro-écologie s’oppose à l’agriculture conventionnelle dans le sens où elle substitue les mécanismes écologiques naturels aux intrants chimiques et aux énergies fossiles utilisés de manière systématique. Elle promeut des systèmes de production agricole valorisant la diversité biologique et les processus naturels (cycles de l’azote, du carbone, de l’eau, équilibres biologiques entre organismes ravageurs et auxiliaires des cultures…).
On entend par « intensive », à la fois la volonté d’obtenir une productivité élevée et celle d’amplifier les fonctionnalités naturelles des agroécosystèmes.
EN PRATIQUE
Nous avons l’habitude de travailler avec des producteurs de café et de cacao en agroforesterie : les caféiers poussent sous de grands arbres d’ombrage en association avec des fruitiers. Ici dans la coopérative FTAK dans le Kerala (Inde), on peut constater que les surfaces sont encore plus denses. Les arbres d’ombrage – ici, le bethel – servent de tuteur au poivre. Entre les pieds de café, les producteurs font pousser du gingembre et du curcuma. Chaque espace est mis à profit, chaque étage de culture est valorisé.
L’agro-écologie est un impératif pour les producteurs
La coopérative FTAK réunit plus de 4000 “très” petits producteurs. Ils possèdent 1 hectare de parcelle en moyenne. Certaines familles n’ont qu’un demi hectare. Faire vivre une famille sur des parcelles aussi restreintes reste un défi.
Tous les producteurs respectent le cahier des charges de l’agriculture biologique et sont certifiés à la suite de contrôles.
La certification bio dont le critère principal est l’interdiction d’utiliser des pesticides et des engrais chimiques de synthèse, n’est pas suffisante pour répondre à la problématique de ces producteurs : comment faire vivre une famille avec une petite parcelle agricole ?
Ils vont plus loin que le Bio et développent un ensemble de pratiques afin d’augmenter le volume des récoltes en misant sur un système de production savamment diversifié. Le fait de pouvoir vendre une partie de leurs récoltes en commerce équitable est un atout majeur pour développer ce type de pratique.
Décryptage en images
Ce qu’on voit
– des cultures très diversifiées : arbres d’ombrage sur la strate la plus élevée, arbres de taille moyenne (café, cacao, cajou – anacardier, muscade) et buissons (cardamome) sur la strate intermédiaire et au sol, des cultures (gingembre, curcuma, mais également tubercules pour la consommation des familles).
– des pratiques de gestion des sols et de la fertilité : compost et vermicompost, mulch ou paillage au pied des arbres avec les déchets de coco pour maintenir l’humidité, plantation des arbres en cuvettes pour garder l’eau de pluie, terrasses et murets de pierre dans les zones montagneuses.
– le maintien de variétés anciennes de cocotier (plus résistantes aux insectes) et de poivre (karimunda, panniyour) et des variétés de muscade sauvage.
La complémentarité
sur divers aspects
– ces cultures maraichères ou de rente se renforcent les unes les autres (ombrage et tuteurs par exemple).
– les travaux se succèdent sur les différentes cultures au lieu d’être concentrés sur un pic de production.
– toutes ces petites productions mises bout à bout, procurent un revenu décent aux producteurs.
– les producteurs sont également plus résilients face à une catastrophe naturelle ou une chute des cours d’un produit.
-l’association agriculture-élevage forte offre un transfert de fertilité entre les deux activités.